Réunis en comité syndical lundi 12 novembre dernier à Azay-le-Ferron, les élus du Parc ont voté, à une très large majorité, une motion en faveur de la réouverture de la maternité du Blanc. Les élus ont aussi décider d'attaquer la décision de fermeture de la maternité au tribunal administratif, en soutien au comité de défense de l'hopital et du collectif Cpasdemainlaveille. Retrouvez le texte intégral de la motion dans l'article à suivre.
En introduction, Jean-Paul Chanteguet a fait part des conséquences, immédiates et à venir, de la fermeture de la maternité.
Fermer la maternité du Blanc
C'est tout d'abord mettre en situation de risque les futures mamans et leurs bébés. Car comme le rappelait Madame Bouygard, Directrice Générale de l'ARS, dans son interview à la Nouvelle République « Le Blanc, c'est loin et le sujet de la distance est important ». Nous sommes en effet situés à 60 km et une heure de route d'une autre maternité.
Et comme l'indique la Haute Autorité de Santé, le temps de recours à l'établissement le plus proche augmente significativement la morbidité à partir de 30 minutes.
De même, l'ARS reconnaissant que la situation géographique du Blanc constitue un facteur de risque pour les futures mamans, explique qu'elle travaille à la mise en œuvre d'une organisation sécurisée qui ne peut se réduire à une proposition grotesque et inadaptée à l'enjeu, faite par Madame la Ministre de la Santé, de prise en charge des frais d'hôtels dans lesquels les parturientes séjourneraient à 60 km de chez elles, dans l'attente de leur accouchement.
Fermer la maternité du Blanc
C'est ensuite, remettre en cause l'égalité d'accès aux soins, compte tenu de la disparition de toute une offre médicale, car nous le savons bien, l'engagement de l'ARS, garanti par écrit de maintenir l'ensemble des activités présentes sur le site du Blanc, n'a aucune valeur ; puisque, comme nous avons pu le constater, la presque totalité de ceux pris dans le cadre du protocole de fusion des deux hôpitaux n'a pas été tenu, qu'il s'agisse :
– de conforter l'offre de soins sur le territoire blancois,
– de maintenir les coopérations existantes notamment avec Poitiers,
– de recruter et stabiliser les effectifs médicaux,
– d'organiser les liens interdisciplinaires entre les deux hôpitaux,
– ou de permettre au centre hospitalier du Blanc de conserver une certaine maîtrise de son avenir.
N'oublions pas, d'autre part, que dans le plan Santé présenté par le Président de la République, l'objectif a été arrêté de passer de 243 à 600, le nombre d'hôpitaux de proximité, des établissements dans lesquels existeront seulement des activités de médecine, gériatrie et de soins de suite.
Il se passera au Blanc ce qui s'est passé dans d'autres communes de l'Indre : plus de maternité, puis plus de chirurgie, puis plus de plateau technique, puis, pour ce qui nous concerne, plus d'école d'infirmières et d'aides-soignantes.
De même, l'objectif que les établissements de santé de l'Indre se sont fixés dans le cadre du groupement hospitalier de territoire (GHT), de permettre aux patients de bénéficier d'un égal accès à des soins sécurisés et de qualité, ne sera pas respecté ; car nous serons confrontés à un affaiblissement sans précédent de notre maillage sanitaire départemental que deux chiffres traduiront parfaitement : 4 maternités dans le Cher une seule dans l'Indre.
Fermer la maternité du Blanc
C'est aussi rendre demain notre département, encore moins attractif, car celui-ci, le moins peuplé de la région Centre-Val de Loire, qui voit sa démographie diminuer et vieillir, souffre d'un solde naturel négatif (en 2016, 1 760 naissances pour 3 000 décès) et d'un solde migratoire insuffisant.
Aujourd'hui, compte tenu des enjeux, les collectivités territoriales, de la Région aux communes, en passant par le Conseil départemental et les Communauté de communes, conduisent des politiques visant à :
- conforter les infrastructures modernes,
- améliorer le cadre de vie ainsi que l'offre d'emploi, d'éducation et de formation,
- et renforcer la présence des services médicaux, sociaux et culturels.
Nous avons en effet, un besoin urgent de sang neuf, que seule l'installation de jeunes ménages pourra nous apporter.
Et ce n'est pas en détruisant l'hôpital du Blanc, en faisant disparaître son école d'infirmières, en fragilisant les établissements d'enseignement (écoles, collèges, lycées) et en compromettant l'avenir de certains services administratifs pourvoyeurs d'emplois que l'on redonnera à cette région une réelle attractivité.
Malheureusement, nous serons emportés par la spirale du déclin. Alors, de plus en plus de patients seront soignés en dehors de notre département, ce sera le cas pour les parturientes qui seront près de 25 pour 100 à accoucher à l'extérieur de celui-ci.
Fermer la maternité du Blanc
C'est bien sûr s'attaquer à la cohésion territoriale. En effet, la sacrifier sur l'autel du renforcement espéré de l'hôpital de Châteauroux est un leurre et un calcul dangereux pour l'Indre et les citoyens qui y vivent.
Il est donc fondamental de la préserver dans un département resté rural, et d'empêcher que celui-ci ne se recroqueville sur lui-même et se réduise à l'agglomération castelroussine.
Car s'il en était ainsi, l'Indre avec la Haute-Saône et la Haute-Loire serait le département disposant d'une seule maternité et ayant la plus forte population.
Une situation choquante et inacceptable au regard de celle de la Corrèze, département un peu plus peuplé de quelques milliers d'habitants qui en conserverait 4.
Fermer la maternité du Blanc
C'est enfin accélérer la désertification médicale, car la transformation de son l'hôpital en établissement de proximité nous privera des compétences de nombreux spécialistes ; ce qui ne manquera pas de réduire l'attractivité de cette région pour de jeunes médecins et entrainera une diminution de la couverture médicale dans un département situé presque au dernier rang au niveau national en ce domaine.
Jean-Paul Chanteguet, Président du Parc naturel régional de la Brenne
Motion en faveur de la réouverture de la maternité du Blanc
Hier [NDLR : dimanche 11 novembre], le Président de la République a encouragé le gouvernement à plus d'écoute et de dialogue avec les associations et les élus locaux dans tous les territoires et en particulier les Maires. Nous l'invitons donc à entendre la colère qui s'exprime ici, depuis plusieurs mois au sein de ce bassin de santé de plus de 70 000 habitants de l'Indre, de l'Indre-et-Loire et de la Vienne.
Une colère nourrie par les lourdes conséquences de la fermeture de la maternité du Blanc, qu'il s'agisse de la mise en situation de risque des futures mamans et de leur bébés, d'une plus grande inégalité d'accès aux soins, d'une perte dramatique d'attractivité pour notre département, voire d'une remise en cause de la cohésion territoriale, ou de l'accroissement de la désertification médicale.
Une colère que n'ont fait qu'amplifier les raisons de sécurité invoquées par la Ministre de la santé, qui relèvent, quant à elles, de propos calomnieux pour notre territoire, les élus et les citoyens, insultants pour les personnels de santé du Blanc et indignes de la part d'un membre important de ce gouvernement.
Une colère que l'immense mépris dont nous sommes l'objet ne saurait apaiser, bien au contraire.
Beaucoup, aujourd'hui en effet, ont le sentiment de ne plus appartenir à cette République qui exclut et marginalise au nom d'une logique financière mortifère, une République qui se délite.
Profondément touchés par cette sinistre décision qui ne fera qu'accroître les inégalités sociales et territoriales de santé, nous ne nous résignons pas, nous n'acceptons pas d'être dépouillés de notre établissement hospitalier, de proximité et de qualité, dont le rayonnement va bien au-delà de notre département.
Nous [le Parc naturel régional de la Brenne], demandons donc la mise en place d'une mission d'appui à la réouverture de la maternité du Blanc, dont la composition pourrait être arrêtée d'un commun accord entre les acteurs locaux et l'ARS, Agence Régionale de Santé.