Eh oui ! Deux nouvelles stations d’ampleur pour deux fougères aquatiques/amphibies rares en Brenne et ailleurs ont été trouvées ce printemps lors d’inventaires botaniques.
La Brenne abrite deux espèces de fougères particulières, discrètes (elles poussent au ras du sol tels de petits palmiers), rares et protégées au niveau national : l’Isoète très ténu et l’Isoète épineux.
L’Isoète très ténu...
... principalement aquatique, pousse de préférence dans les étangs sous quelques dizaines de centimètres d'eau ; elle peut aussi émerger et caractériser des gazons amphibies qui colonisent les zones de marnage (zones mises à nues lors d’un abaissement du niveau d’eau) en périphérie des plans d’eau. Mais cette année, la fougère a été découverte fin avril sur la RNR Massé-Foucault dans un étang… en assec ! Une telle germination, à cette période de l’année et dans ces conditions, est « extraordinaire » ! Les plantules se trouvaient sur des plages de sable ou dans des fentes de dessications (crevasses dues à l’assèchement) de la croute de vase. L’effectif à l’échelle de l’étang s’élève à 69 000 pieds avec par endroit une densité de 600 pieds/m². Mi-juin, les jeunes plans n’étaient plus visibles, en partie grillés par le soleil. En France, un Plan national d’action (PNA) sur l’Isoète très ténu a été lancé en début d’année, à Châteauroux.
L’espèce est endémique (elle ne pousse pas ailleurs) de quelques départements du centre de la France et l’Indre est particulièrement concerné compte tenu du nombre de stations connues en Brenne. Le Parc est impliqué dans ce PNA et mène en parallèle depuis 2024 un recensement de cette fougère sur 44 étangs connus (dont 11 récemment).
La mission est néanmoins rendue difficile du fait de niveaux d’eau élevés. La découverte de la plante sur un étang en assec devrait impliquer une nouvelle façon de la recenser : réaliser une visite printanière des étangs piscicoles en assec.
L’Isoète épineux...
... bien que plus terrestre, a tout de même besoin d'eau : il peut vivre dans des endroits inondés en hiver et s'asséchant rapidement avec l'avancée vers les beaux jours. Cette année, il a été trouvé dans une prairie de fauche à quelques centaines de mètres d’un grand étang de Mézières-en-Brenne, dans un sol plutôt sableux/acide, humide en hiver et séchant à la fin du printemps. En général, les effectifs de la plante avoisinent une centaine de pieds par station. Mais cette 5ème station connue en Brenne est incroyable par ses effectifs : on estime qu’il y a entre 2 500 et 3 000 individus !
Ces deux observations confirment l’extraordinaire richesse floristique de la Brenne sans en oublier la responsabilité liée à la préservation de ces espèces rares.