La forêt

Présentation de la forêt dans le Parc naturel de la Brenne:

La couverture forestière représente  environ 1/3 de la surface du PNR, soit  54 000 hectares. On y trouve des boisements diversifiés constitués aussi bien de feuillus que de résineux. La flore présente en Brenne est dominée par des espèces européennes, subatlantiques et subméditerranéennes. Cette flore est directement liée aux types de sols : le pH, la structure, la texture ou encore le type d'humus. Ces dernières caractéristiques vont faire varier la quantité en eau des sols (réserve utile) et favoriser les essences les mieux adaptées à ces conditions. Aujourd'hui en Brenne on retrouve les peuplements sur différents types de sols à fortes contraintes : des sols peu épais sur des planchers de grès ou d'argile mais aussi des sols avec un excès d'eau en hiver et un déficit en été. 55 % des sols forestiers sont brunifiés (sols bruns basiques sur substrat calcaire) et 41 % sont hydromorphes (très humide l'hiver et très sec l'été). Les peuplements de Brenne sont plutôt adaptés aux contraintes pédologiques du territoire.2021 11 08 rencontre ONFDSFCRPF Chateauroux AW 11
 
Le massif forestier le plus important sur le Parc naturel de la Brenne est la foret de Lancosme, avec une superficie de 5 430 ha, qui s'étend sur 4 communes : Vendœuvres, Neuillay-les-Bois, Méobecq et Migné. Sur le territoire de la Brenne, il n'y a pas de forêts domaniales (c'est-à-dire forêt appartenant à l'Etat), les espaces forestiers sont pour la plupart des biens privés. L’essence la plus représentée est le chêne pédonculé, qui est l'essence la plus sensible au changement climatique. On y retrouve aussi le chêne sessile, le charme, le chêne pubescent et plus rarement le chêne tauzin. Pour les essences de résineux, ce sont les pins maritimes, sylvestres ou encore laricios qui sont les plus représentés. Le pin maritime est lui présent depuis longtemps, par rapport aux autres résineux tels que le pin sylvestre et laricio qui ont fait leur apparition sur le territoire lors de la déprise agricole. 
 
Foret de Châteauroux, PNR Brenne

Rôle de la forêt face au changement climatique:

 
La forêt joue un rôle primordial dans la lutte contre le changement climatique. Elle séquestre chaque année une partie des émissions anthropiques de gaz à effet de serre, et atténue ainsi les effets du changement climatique. Les produits bois transformés stockent le carbone tout au long de leur vie. Utilisé dans la construction, le bois se substitue à des matériaux énergivores (aluminium, acier, béton, PVC) ; et utilisé comme combustible, il pallie l’épuisement des ressources non renouvelables (pétrole, gaz, charbon…). Cette valeur ajoutée peut être résumée en trois mots : stocker, séquestrer, substituer.
 

La forêt face au changement climatique:

 
Dans le contexte du changement climatique, plusieurs éléments vont impacter les forêts au cours des prochaines décennies :
  • l'augmentation de la température et des vagues de chaleur, avec un nombre de jours au dessus de 25° (+29 jours pour la période 2041/2070 par rapport à la période 1976/2055 selon le scénario d'émissions RCP 4.5, DRIAS). 
  • Un changement de régime pour les précipitations : la plupart des modèles s'accordent à dire que la pluviométrie sera similaire à celle d’aujourd’hui mais que la répartition des précipitations dans le temps devrait changer. On peut s'attendre à des étés plus secs et à des épisodes de pluies intenses. Selon l’outil Clim’essences le climat forestier en 2050 devrait correspondre au climat actuel sud méditerranéen. 
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Source: Clim'essences, les climats analogues 
 

Les conséquences à prévoir sont de plusieurs ordres :

  •  La multiplication des feux de forêts, qui se propagent très rapidement sur une végétation devenue sèche. Les habitants du territoire se souviennent que le 4 septembre 2019, un incendie a détruit 200 hectares, dans la forêt de Lancôme. Puis, le 18 septembre 2019, 800 ha de feux de végétation sur les communes de Lignac et Chalais. Plus de 300 pompiers de l’Indre et de départements voisins ont été mobilisés.
  • Le dépérissement, c'est à dire la dégradation de l'état de santé d'une forêt entraînant le plus souvent la mort des arbres. Le dépérissement survient avec des causes multi factorielles (climat, manque d'eau, maladies ou insectes, gestion non adaptée ou mal maîtrisée…)
  • Quand le niveau de dépérissement est trop important, les gestionnaires recommandent une coupe rase et de nouvelles plantations. Celles-ci peuvent être des feuillus ou des résineux, qui devront être mieux adaptés à la chaleur. Cette stratégie pose les questions de la perte de biodiversité d’une part et de la diminution des ressources génétiques locales d’autre part.
    

Aujourd'hui plusieurs pistes sont envisagées pour l'adaptation au changement climatique de nos forêts :

 
  •  Le chêne pubescent remonte du sud. Thermophile, il serait mieux adapté à la sécheresse. Cependant, les pépiniéristes « locaux » n’en produisent pas assez pour répondre à la demande et les forestiers sont toujours prudents avec l’implantation d’essences provenant d’autres pays, par peur d’introduire jeunes pousses en pépinière AFAC végétal localdes maladies ou agents pathogènes. Un projet de pépinière "végétal local" pourrait permettre de répondre à la demande. Se reporter à l’onglet bocage pour plus d'informations sur le label Végétal local.
  • Il est aussi possible de compter sur l’adaptation génétique des essences présentes sur place, c’est la voie que suggèrent les écologues. De plus en Brenne nous remarquons une hybridation des différentes essences de chênes (sessile, pédonculé et pubescent) ce qui pourrait ainsi permettre une meilleure résilience face aux impacts du changement climatique. 
    • Il peut être parfois envisagé la plantation de nouvelles essences méridionales ou de résineux. La plantation permet d’apporter une diversité génétique et une diversité d’essence pour répartir au mieux les risques liés aux aléas sanitaires (nouveaux organismes pathogènes, agressivité modifiée d’organismes actuellement non pathogènes ou conditions climatiques devenues inadaptées).

Jeunes pousses en pépinière "végétal local", AFAC Agroforesteries

 
Dans tous les cas, les forestiers sont soumis aux incertitudes. La forêt est un écosystème particulièrement vulnérable. Sa croissance est lente et son espérance de vie s’étale sur plusieurs siècles : les conséquences des décisions prises aujourd’hui ne seront visibles que dans des décennies. Le changement climatique dérègle les cycles de vie des arbres. Ceux-ci présentent une adaptation limitée aux nouvelles conditions climatiques surtout lorsqu’elles surviennent trop rapidement.