L'agriculture

Une agriculture spécialisée : 

L'agriculture dans le Parc naturel régional de la Brenne est spécialisée en fonction de la nature des sols. Elle occupe encore près de 15 % des actifs, joue un rôle important dans l’économie du territoire. Tournée principalement vers l’élevage (en particulier bovins allaitants, production de viande), elle reste néanmoins très diverse (caprins, ovins, productions végétales…).  L'élevage extensif représente l'activité agricole la plus importante, toutefois la superficie des grandes cultures augmente dans les communes en périphére du Parc. L'élevage bovin allaitant est présent en centre Brenne et dans le Boischaud sud où la prairie permanente reste dominante. L'élevage ovin est plutôt localisé en petite Brenne et dans le Boischaud Sud. Quant à l'élevage caprin il est présent sur les aires d'appellations des AOP Pouligny-Saint-Pierre et Valençay. Si l'élevage est tellement présent en Brenne, c'est parce que les sols ont un potentiel agronomique assez pauvre. En effet, ces sols très hydromorphes sont peu adaptés aux grandes cultures. Celles-ci se sont développées à l'ouest du territoire du Parc, sur des sols calcaires ou dans la vallée de la Creuse. Il s'agit de maïs, blé, colza ou encore des mélanges céréaliers. 

Au cours des prochaines années, les impacts du changement climatique sur l'agriculture seront multiples et variés en fonction des différents types d'agriculture : 

Les grandes cultures face au changement climatique : 

Pour les grandes cultures, une stagnation des rendements sera bien visible en région Centre, plus particulièrement pour le blé (données Oracle), on estime que d'ici 2050, le nombre de jours échaudants augmentera de 8 jours sur la période du 1er avril au 30 juin (pour le scénario SSP 4.5). L'échaudage des céréales à paille se caractérise par une mauvaise croissance ainsi qu'une mauvaise maturation des grains. Ce phénomène s'exprime lorsque les températures sont au-dessus de 25°C. Cette augmentation de température va ainsi faire diminuer le rendement des cultures mais surtout leur valeur nutritionnelle. 

  paysage pays blancois PNRBL'augmentation des températures devrait se faire ressentir tout au long de l'année : on remarque une augmentation des sommes de température, et celles-ci permettent d'estimer les cycles de croissance des plantes. Les cycles pourraient alors s'effectuer plus tôt qu'auparavant et permettre à certaines cultures d'éviter les sécheresses et les fortes chaleurs de l'été. Pour le blé par exemple la reprise de végétation s’effectuera plus tôt, ce qui permettra au grain une maturation plus précoce.

Mais l'avancement des cycles de croissance végétatifs dans l'année pourrait avoir un autre impact : une vulnérabilité plus importante face aux gelées tardives pouvant mettre à mal les cultures.  

 Durant la période estivale le risque de déficit hydrique pour les plantes aura tendance à augmenter. En effet, lorsque les températures augmentent, la plante tente de réguler sa température foliaire en transpirant. Cette action de transpiration entraine une forte demande en eau. Aujourd'hui, des besoins plus importants en eau se font déjà ressentir sur tout le territoire. Certaines parcelles sont déjà irriguées, et ce phénomène risque de s’accroître dans les années futures. Sans adaptation des pratiques agricoles et des variétés cultivées, les besoins ne feront que croître avec l'évolution des températures. La question de l'irrigation des terres agricoles est aujourd'hui très complexe. La disponibilité en eau diminuant au cours de l'été, les enjeux seront de hiérarchiser les usages de l'eau (l'alimentation en eau potable, l'abreuvement, l'irrigation, l'industrie, le BTP et l'énergie mais aussi le maintien des cours d'eau et des zones humides). La situation nécessitera d'accompagner les changements de pratiques et d'instaurer des instances de 2022 05 champs mais irrigué NR 2gouvernance pour répartir les volumes prélevables. 

L'augmentation des événements météorologiques intenses tels que des fortes pluies pourraient également être fortement dommageables pour les grandes cultures avec des destructions partielles des cultures ainsi que des risques de verse plus importants pour les cultures à paille. Ces phénomènes météorologiques intenses vont augmenter les risques de ruissellement et d’érosion des sols.

Aujourd’hui le maïs, utilisé par l’élevage en culture fourragère sur le territoire, souffre déjà de déficit hydrique. Cela se caractérise par une perte de vigueur et des arrêts de croissance. Les vagues de chaleur et les risques de sécheresse plus importants à l’avenir risquent de fortement impacter ce type de culture. En revanche une culture fourragère déjà utilisée comme la luzerne présente des caractéristiques intéressantes de résistance face à des stress hydriques. 

 

Un champ de maïs irrigué, Image d'archives, La Nouvelle République

  L'élevage face au changement climatique :

L'élevage de ruminants est souvent décrié pour ses fortes émissions de gaz à effet de serre. De fait, les émissions causées par l'élevage bovin en France représentent environ 60 % des émissions totales du secteur agricole (source : institut de l'élevage). En revanche environ 1/3 de ces émissions sont stockées de différentes manières, dans les sols (en prairies) et grâce au système bocager. En Brenne, les prairies font partie intégrante du paysage. Ces milieux sont souvent riches en diversité. La présence de ces prairies est menacée par l'enfrichement et l'avènement de la chasse, enjeux phares sur le territoire.

 Selon l'outil Drias, la reprise de la végétation en prairie avancera d'une dizaine de jours (passant du 13 février pour la période 1976/2005 au 5 février pour la 19 05 23 RNR Massé Foucault Prairies et vaches PNRB 02période 2041/2070 selon le scénario 4.5). La reprise de végétation se réalise à partir du moment où les températures sont suffisantes pour que la pante commence à repousser. En revanche les prairies seront probablement sèches plus rapidement durant la saison estivale. L'assèchement des prairies accroît les risques d’érosion et de ruissellement lors d’événements pluvieux intenses.

  Outre l'accès aux fourrages, la santé des animaux risque de pâtir des fortes chaleurs l'été et des périodes de sécheresses de plus en plus longues. Certaines espèces sont mieux adaptées que d’autres : les Limousines et Charolaises risquent de subir les conséquences du changement climatique de manière plus importante que les chèvres, plus adaptées à des fortes chaleurs.  Ces nouvelles conditions pourront avoir un impact direct sur l'alimentation, la production ou encore les cycles reproducteurs des animaux. Les animaux dépenseront plus d'énergie afin de réguler leur température corporelle. Les besoins en eau deviendront plus importants. Sur le territoire, la production fromagère joue un rôle important pour la préservation de l'agriculture et l'activité économique. Selon les prévisions, les productions de lait auront tendance à diminuer car les caprins mobiliseront leur énergie afin de maintenir une température corporelle.

Pâturage dans la Réserve Naturelle Régionale Massé-Foucault, PNR Brenne, 2019

 

Aujourd'hui l'abreuvement des animaux peut être réalisé grâce à l'accès à certains cours d'eau. Dans les conditions de changement climatique, les débits des cours d'eau seront amenés à fortement diminuer durant la période estivale. L'accès à l'eau deviendra de plus en plus difficile.

Des éléments actuels du paysage permettent d'ombrer les troupeaux (arbres isolés et bocage). Par ailleurs, les arbres isolés disparaissent peu à peu et ne sont pas renouvelés dans les prairies. Et les bouchures sont vieillissantes et parfois mal gérées. C'est pourquoi il apparaît nécessaire de restructurer un maillage bocager plus important pour limiter l'impact du changement climatique.

 

Une adaptation au service de l'agriculture :

Pour répondre à ces enjeux, il convient d'adapter dès à présent les pratiques agricoles :

  • Utiliser des variétés culturales plus précoces ou ayant un besoin hydrique moins important (sorgho, sylphie, méteils…)
  • Allonger les rotations de culture
  • Couvrir les sols
  • Repenser les dates de semis
  • Diversifier les variétés semées afin de minimiser les risques liés au changement climatique
  • Augmenter/renouveller la surface bocagère (stockage du carbone, rétention de l'eau, effet de fraicheur et ombrage, résistance mouvements de terrain et crues)
  • Replanter des arbres de plein champ afin de favoriser l’ombrage pour les animaux