Un territoire d’eau
Le Parc est situé à cheval entre plusieurs bassins versants, celui de la Creuse (32 % du territoire), la Claise (39 % de la surface du Parc), l’Anglin qui lui représente 27 % et par celui de l'Indre au nord-est du Parc. Les eaux de sources et de pluies trouvent leurs exutoires principaux à l'ouest du Parc en suivant l’orientation du relief. La Claise rejoint la Creuse à l'Ouest du territoire. La Claise possède de nombreux affluents tels que les Cinq Bondes, la Benaise, l'Yoson, on retrouve d'autres affluents directs de la Creuse tels que le Suin ainsi que les Vigneaux, le Fondrouge, et les Fontenettes.
Ces différents cours d'eau sont alimentés soit par des sources soit directement par les pluies. En effet, en Brenne l'hydromorphie des sols ne permet pas ou peu d'échanges verticaux avec les nappes, les sols sont généralement peu profonds (40-80cm) et la quasi-totalité des eaux s'écoulent en surface. Cette caractéristique a permis la formation de zones humides.
L’eau une ressource fragilisée
Les différents cours d’eau sur le territoire subissent déjà des périodes d’étiage de plus en plus longues. L’étiage est le niveau le plus bas d’un cours d’eau, il correspond au moment où les débits sont les plus faibles. Une étude menée par l’EPTB Vienne (2021, HMUC) qui a comparé les étiages des 60 dernières années à ceux des 10 dernières, a montré les tendances suivantes :
- Un allongement de l’étiage de 1 à 2 mois
- Une diminution des débits moyens annuels des cours d’eau de 10 à 20 %, avec en été une chute des débits mensuels de 30 à 40 mm
Selon l’étude Explore 2070, ces phénomènes devraient s’accroître : d’ici 2070 les débits moyens annuels des cours d’eau devraient diminuer de 10 à 40 %.
Les différents usages de l’eau participent à cette évolution préoccupante des débits des cours d’eau. Une tension sur la ressource en eau est à prévoir dans les prochaines années entre les différentes utilisations : irrigation des cultures, abreuvement du bétail, utilisation industrielle, alimentation en eau potable. De plus, l’évaporation des eaux de surfaces est un phénomène aujourd’hui constaté qui implique une pression supplémentaire sur la ressource.
L’eau est une ressource vitale à la survie des territoires, et le Parc de la Brenne est particulièrement dépendant de cette ressource en raison de la densité de zones humides, de cours d’eau, d’étangs mais aussi de part la forte place de l’agriculture sur son territoire. L’agriculture pourrait avoir des besoins en eau plus importants en relation directe avec l’augmentation des températures. En fonction du type d’agriculture ces besoins s’exprimeront de différentes manières : augmentation des besoins en irrigation pour les cultures, augmentation des besoins en abreuvement pour les bêtes dans l'élevage. Aujourd’hui les prélèvements en eau les plus conséquents restent liés à l’évaporation des plans d’eau, ce phénomène ne ferait qu’augmenter d’après les projections de l’étude HMUC. (HMUC, ETPB Vienne, Octobre 2021)
L’arrosage des cultures n’est aujourd’hui que légèrement présent sur le territoire notamment sur les plateaux céréaliers autour de la ville du Blanc et d’Azay-le-Ferron, et proviendrait directement des eaux de surface et des nappes phréatiques. Dans les deux cas ce prélèvement joue un rôle important sur la ressource en eau, et pourrait impacter directement la ressource en eau potable. En 2019, des alertes ont été lancées car des manques en approvisionnement en eau potable ont été constatés au niveau d’une commune du Parc. Des restrictions d’usage ont alors été mises en place aussi bien pour les agriculteurs que pour les habitants. A l’avenir, de telles restrictions risquent d’être de plus en plus courantes, avec un fort impact aussi bien sur l’agriculture que pour les habitants du territoire.
La diminution des débits des cours d’eau devrait provoquer une perte d’habitat pour la faune et la flore inféodées à ces milieux. En effet en 2019 des segments de la Creuse, de l’Anglin ou encore de la Claise se sont retrouvés complètement à sec, ce qui a provoqué une forte mortalité des organismes vivants. De plus, en raison de la diminution des hauteurs d’eau et des débits, les rivières sont plus vulnérables aux pollutions et à l’eutrophisation. Selon le plan d’adaptation au changement climatique Loire Bretagne, les températures de l’eau des cours d’eau devraient augmenter d’environ 2°C d’ici 2050.(Plan d’adaptation au changement climatique pour le bassin Loire Bretagne, Agence de l’eau, 2018) ce qui ne ferait qu’augmenter les risques d’eutrophisation. Ces nouvelles conditions climatiques vont ainsi modifier l’équilibre biochimique des cours d’eau et vont permettre le développement de certaines algues, cyanobactéries ou encore de virus nocifs pour la vie aquatique. Cette modification de la qualité des cours d’eau impactera directement la production en eau potable ou encore l’utilisation de l’eau pour l’abreuvement des animaux, révélant là un réel enjeu de santé publique.
SMABCAC sécheresse 2019, En rouge, les linéaires en rupture d’écoulement ou en assec total en septembre 2019
L’augmentation probable de la fréquence des événements pluvieux violents pourrait conduire à un changement important du régime des crues des cours d’eau du territoire. Les régions les plus hydromorphes du territoire pourraient voir leur sensibilité au ruissellement augmenter en dehors du réseau hydrographique. La présence de zones humides peut permettre de contrebalancer ces phénomènes : il s’agit d’un véritable atout. Mais ces zones humides sont elles aussi menacées par le dérèglement climatique ainsi que par certaines pratiques humaines. Une gestion adaptée de ces milieux est primordiale dans la lutte contre les inondations.
Inondation à Bélâbre le 14 juillet 2021, Prefecture de l'Indre
Les enjeux liés à l’eau sont multiples : le territoire doit réussir à préserver la qualité, la quantité de l'eau mais aussi la diversité des paysages associés.
Comment s’adapter ?
Globalement :
- Réduire les rejets et diminuer le ruissellement dans le but de minimiser la pollution des eaux de surface
- Lutter contre l’artificialisation des sols pour améliorer l’infiltration de l’eau
- Sensibiliser la population aux économies d’eau, mais aussi accentuer les efforts sur la gestion des eaux pluviales en milieux urbains
- Avoir une gestion optimale de la hauteur d’eau du barrage d’Eguzon (barrage en amont du Parc sur la Creuse) pour limiter les risques d’inondation et apporter un soutien à l’étiage en été
Cours d'eau, zones humides et étangs :
- Favoriser l’ombrage par la plantation de ripisylve autour des cours d’eau afin de limiter le réchauffement des cours d’eau et permettre la filtration de l’eau de ruissellement
- Favoriser une restauration des zones humides afin qu’elles puissent exercer leur rôle de zones tampons mais avant toute chose conserver les zones humides actuelles
- Essayer de limiter l’évaporation de l’eau des étangs, par exemple par la végétalisation
- Repenser collectivement et solidairement l’usage de l’eau au sein des étangs
Agriculture :
- Favoriser des techniques agricoles et espèces cultivées peu gourmandes en eau, développer l’utilisation de cultures résistantes au stress hydrique (méteils, sorgho, silphie…)
- Limiter le ruissellement et favoriser l’infiltration de l’eau (difficile en Brenne) par un remaillage bocager permettant de lutter contre les événements pluvieux extrêmes et l’érosion des sols
Lutter contre les inondations :
- Préserver les zones d’expansion des crues dans l’aménagement du territoire et redonner aux rivières un espace de liberté
- Eviter le ruissellement des eaux par l’expansion du maillage bocager, limiter l’impact des pluies extrêmes par une gestion adaptée des étangs et des zones humides. En effet si les tous les plans d’eau et zones humides sont « remplis » au moment d’événements extrêmes, ces milieux ne pourront exercer leur rôle de zone tampon, il faudrait donc imaginer un système de vidange des eaux en amont d’événements extrêmes annoncés
- Avoir en permanence des couverts végétaux sur les sols agricoles