L’inventaire général du patrimoine culturel : une entreprise de connaissance

Créé par décret du 4 mars 1964, à l’initiative d’André Malraux (alors ministre des Affaires culturelles) et d’André Chastel (historien de l’art), l’Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France, qui deviendra l’Inventaire général du patrimoine culturel, a pour objectif la conservation et la transmission de la connaissance du patrimoine culturel français. Il s’agissait alors de mettre en place un lieu de recherche fondamentale dissociée de la finalité de la conservation des œuvres.

L'Inventaire général du patrimoine culturel  recense, étudie et fait connaître les éléments du patrimoine qui présentent un intérêt culturel, historique ou scientifique. Le champ d'investigation est vaste et embrasse, de fait, l'ensemble des biens créées et dont la conception a été pensée par l'homme sur la totalité du territoire national : architecture et urbanisme, objets et mobilier, qu'ils soient publics ou privés, sur une période allant du 5e siècle à 30 ans avant la date de l'enquête. L'Inventaire est une recherche de terrain qui observe, analyse et décrit les œuvres in situ en s'appuyant sur les sources d'archives et la bibliographie disponible. Aussi chaque opération d'inventaire procède-t-elle par aire d'étude, fraction du territoire national qui sera explorée systématiquement, soit en s'attachant à toutes les composantes du patrimoine (opération topographique), soit à une seule de ses composantes (opération thématique).

Depuis la loi n°2004-809 du 13 août 2004  relative aux libertés et responsabilités locales (art.95), les régions sont chargées, dans leur ressort, de l’inventaire général du patrimoine culturel.

Le service Patrimoine et Inventaire assure, pour la Région Centre-Val de Loire, cette mission. Ses travaux alimentent le plus important fonds photographique et documentaire dédié au patrimoine architectural et mobilier en Centre-Val de Loire.

La Région peut également confier aux collectivités territoriales ou aux groupements de collectivités qui en font la demande la conduite des opérations d’inventaire. Au sein du territoire régional, le choix de l'aire d'étude et de ses limites, celui des partenaires et des procédures à mettre en œuvre pour chaque opération, fait l'objet d'un cahier des clauses scientifiques et techniques, projet scientifique qui fixe les enjeux et les moyens mis en oeuvre.

Les opérations conduites sous le sceau de l’Inventaire général du patrimoine culturel participent d’une entreprise de connaissance qui n'entraîne aucune contrainte juridique ou réglementaire : les résultats des opérations, mis en forme selon des normes qui les rendent comparables, consultables et utilisables par tous, ont vocation à enrichir le savoir d'un patrimoine commun et, le cas échéant, décider ensemble de son avenir.

 

Historique des opérations d’inventaire du patrimoine culturel conduites dans le Parc naturel régional de la Brenne

En partenariat avec la Région Centre-Val de Loire, conformément à la loi du 13 août 2004, le Parc naturel régional de la Brenne réalise, depuis 2004, l’inventaire de son patrimoine architectural.

Cette opération, toujours en cours du fait de la méthodologie adoptée, succède à un inventaire topographique, engagé en 1991, dans l’ancien canton du Blanc (dont les limites ont été redéfinies en 2015). Ce travail, qui concernait aussi bien les œuvres architecturales que le mobilier, a été mené par Marie-Thérèse Réau et Christian Trézin du service régional de l’Inventaire et a donné lieu à une publication dans la collection nationale « Images du Patrimoine » en 2005. En 1999, la commune de Tilly a également fait l’objet d’opérations d’inventaires architectural et archéologique conjoints.

A la suite de ces travaux, le Parc a souhaité se doter d’un état des lieux de l’architecture rurale en démarrant une opération d’inventaire. Sa finalité, la même qui a présidé au déploiement de l’Inventaire général en France, est bien d’identifier le patrimoine architectural d’intérêt. Il s’agissait d’améliorer les connaissances locales tout en portant, selon le choix méthodologique d’alors, une attention particulière aux maisons et aux fermes qui composent en grande partie le patrimoine rural du Parc.

De 2004 à 2010, Ce thème avait été privilégié ; l’étude ne prenant pas en compte de manière systématique les autres types d’édifices.

Depuis 2010, toutes les formes du bâti (aussi bien vernaculaires que savantes) antérieures à 1950 sont inventoriées, dans une démarche tendant à l’exhaustivité. Cette méthode d’inventaire topographique ajoute au repérage des maisons et fermes, le recensement des châteaux, des édifices religieux et publics (églises, chapelles, cimetières, mairies, écoles), des édifices de génie civil (gares ferroviaires, ponts, etc.), des bâtiments commerciaux (hôtels, restaurants, boutiques), ceux de l’industrie, de l’artisanat, ou encore des divers édicules (monuments commémoratifs, croix, puits, lavoirs, etc.). Les édifices, observés sur le terrain, sont datés, décrits, photographiés et analysés au sein de dossiers documentaires versés sur le serveur de la Région Centre-Val de Loire.

A partir de 2025, la méthode d’enregistrement des données a évolué tout en conservant l’approche exhaustive de principe.

En outre, une opération d’inventaire thématique sur l’espace stagnustre de la Grande Brenne a été lancée en 2020 afin de valoriser le patrimoine bâti le plus emblématique du Parc naturel, à savoir les étangs. Cette opération a abouti à la publication d’un « Images du Patrimoine » intitulé « L’eau retenue. Les étangs de la Grande Brenne » en 2023 et à la mise en ligne, la même année, de dossiers documentaires portant sur 56 étangs, viviers et installations aquicoles caractéristiques de la Grande Brenne et de ses marges.

Les résultats de cet inventaire de l’architecture contribue à l’appropriation par les habitants du Parc de ce patrimoine culturel, au rayonnement du territoire à travers notamment la valorisation touristique et du cadre de vie. Les informations collectées sont également d’une aide précieuse à l’élaboration d’un « diagnostic patrimonial » permettant de définir des stratégies de conservation et d’accompagner les communes dans des démarches de prise en compte des éléments du patrimoine dans les documents d’urbanisme.

Les données patrimoniales existantes et consultables à ce jour

La mission d’inventaire porté par le Parc a débuté en 2004 dans l’ancien canton de Bélâbre (plus la commune de Sacierges-Saint-Martin). Elle s’est poursuivie dans ceux de Mézières-en-Brenne (sauf Villiers, arrivé ultérieurement à l’enquête cantonale dans le syndicat mixte) puis de Tournon-Saint-Martin (achevé en janvier 2020).

Les données collectées sont aujourd’hui stockées dans les bases de données régionales et nationales.

Les dossiers enregistrés pour l’ancien canton de Bélâbre ont dans un premier temps été versés dans l’ancienne base nationale Mérimée du Ministère de la Culture laquelle contient des informations sur des œuvres architecturales provenant du service des Monuments historiques et de l'Inventaire général du patrimoine culturel. Cette base est aujourd’hui accessible sur la Plate-forme ouverte du patrimoine « POP », nouveau moteur de recherche lancé en juillet 2019 et qui permet d’interroger les grandes bases historiques du ministère de la Culture, non seulement Mérimée mais aussi Palissy sur le patrimoine mobilier, Mémoire sur les collections de photographie, Joconde sur les objets de musée, etc.

A partir de 2019, les dossiers d’inventaire issus de l’opération menée dans le Parc ont été progressivement versés, après relectures et remises en forme éditoriales, sur le site régional de diffusion des données de l’inventaire général du patrimoine culturel aujourd’hui nommé Perceval (pour Patrimoine en région Centre-Val de Loire) ou « Gertrude-diffusion ».

Bilan de l’opération d’inventaire en 2025

Tous les dossiers produits par le Parc depuis 2004, dans le cadre de l’inventaire de l’architecture rurale, sont aujourd’hui consultables (ou en passe de l’être) sur le site Perceval (Opération PNR Brenne sur Perceval). Ces 5819 dossiers d’œuvres architecturales consultables en ligne se répartissent sur 24 des 51 communes que compte aujourd’hui le syndicat mixte : 7 de l’ancien canton de Bélâbre, 7 de celui de Mézières-en-Brenne, 10 de celui de Tournon-Saint-Martin et 1 de celui de Saint-Benoît-du-Sault. Le total atteint 6151 dossiers (pour 34 communes) en ajoutant les opérations réalisées dans les années 1990 par le Service régional de l’Inventaire dans le canton du Blanc et la commune de Tilly (dossiers consultables uniquement sur la Plateforme ouverte du Patrimoine) ; et 6207 en comptant les dossiers portant sur le patrimoine stagnustre mis en ligne en décembre 2023[1].

- Consultez la synthèse de l'inventaire sur Lingé
- Consultez la synthèse de l'inventaire sur Lureuil
- Consultez la synthèse de l'inventaire sur Néons/Creuse

Commune	Ancien canton	Nouveau canton (2015)	Nombre de dossiers archi.	Site de consultation
Bélâbre	Bélâbre	Saint-Gaultier	379	POP (puis Perceval)
Chalais	Bélâbre	Saint-Gaultier	151	Perceval
Lignac	Bélâbre	Saint-Gaultier	400	Perceval
Mauvières	Bélâbre	Saint-Gaultier	142	POP (puis Perceval)
Prissac	Bélâbre	Saint-Gaultier	438	Perceval
St-Hilaire/B.	Bélâbre	Saint-Gaultier	189	Perceval
Tilly*	Bélâbre	Saint-Gaultier	32	POP
Blanc* (le)	Blanc (le)	Blanc (le)	71	POP
Ciron*	Blanc (le)	Blanc (le)	32	POP
Concremiers*	Blanc (le)	Blanc (le)	33	POP
Douadic*	Blanc (le)	Blanc (le)	33	POP
Ingrandes*	Blanc (le)	Blanc (le)	21	POP
Pouligny-St-P.*	Blanc (le)	Blanc (le)	39	POP
St-Aigny*	Blanc (le)	Blanc (le)	17	POP
Rosnay*	Blanc (le)	Blanc (le)	26	POP
Ruffec*	Blanc (le)	Blanc (le)	28	POP
Azay-le-Ferron	Mézières-en-Br.	Blanc (le)	430	Perceval
Mézières-en-Br.	Mézières-en-Br.	Blanc (le)	324	Perceval
Obterre	Mézières-en-Br.	Blanc (le)	142	Perceval
Paulnay	Mézières-en-Br.	Blanc (le)	155	Perceval
Saint-Michel-en-Br.	Mézières-en-Br.	Blanc (le)	133	Perceval
Sainte-Gemme	Mézières-en-Br.	Blanc (le)	105	Perceval
Saulnay	Mézières-en-Br.	Blanc (le)	134	Perceval
Sacierges-St-M.	St-Benoît-du-S.	Saint-Gaultier	232	Perceval
Fontgombault	Tournon-St-M.	Blanc (le)	137	Perceval
Lingé	Tournon-St-M.	Blanc (le)	150	Perceval
Lurais	Tournon-St-M.	Blanc (le)	160	Perceval
Lureuil	Tournon-St-M.	Blanc (le)	125	Perceval
Martizay	Tournon-St-M.	Blanc (le)	543	Perceval
Mérigny	Tournon-St-M.	Blanc (le)	308	Perceval
Néons-sur-Creuse	Tournon-St-M.	Blanc (le)	237	Perceval
Preuilly-la-Ville	Tournon-St-M.	Blanc (le)	113	Perceval
Sauzelles	Tournon-St-M.	Blanc (le)	157	Perceval
Tournon-SM	Tournon-St-M.	Blanc (le)	533	Perceval
Total Pat. stagnustre Total + ét. étangs			6149** 57 6204***	Perceval

*opérations réalisées entre 1991 et 1999 par le Service régional de l’Inventaire.

** 6151 avec les dossiers d’opération et d’aire d’étude PNR.

*** 6207 avec les dossiers d’opération (topographique et thématique) et d’aires d’étude PNR

Parmi les trois objectifs principaux de l’opération d’inventaire, à savoir localiser, dater et caractériser le patrimoine bâti, un effort particulier a été réalisé afin d’identifier les charpentes de bâtiments anciens (maisons et fermes essentiellement). Aussi de nombreuses campagnes de dendrochronologie (méthode de datation par analyse des cernes de croissance des bois d’œuvre), intégralement financées par des crédits de recherche (Centre-Val de Loire), ont été conduits sur plus de 80 bâtiments répartis sur 25 communes du Parc.  Les datations dendrochronologiques obtenues (années d’abattage de l’arbre) vont de 1399 à 1855.

A ce jour, 16 communes de l’actuel territoire du Parc restent à inventorier : Villiers, Vendoeuvres, Migné, Méobecq, Neuillay-les-Bois, La Pérouille, Luant, Nuret-le-Ferron, Chitray, Rivarennes (actuellement en cours d’étude), Oulches, Thenay, Luzeret, Vigoux, Chazelet et Saint-Civran.

Avec l’extension envisagée de son territoire, le chiffre pourrait passer à 26, en intégrant les communes de Dunet, Chaillac, Bonneuil, Beaulieu, Roussines, Saint-Benoît-du-Sault, La Châtre-l’Anglin, Parnac, Saint-Gilles et Mouhet.

 

Un dossier d’inventaire. Qu’est-ce que c’est ?

Un dossier d’inventaire est un assemblage organisé des différents éléments documentaires, textes et images, visant à restituer au mieux la description des objets d’étude. Ce dossier est plus ou moins fourni : recensement, repérage ou étude selon les objectifs définis dans le cahier des clauses scientifiques et techniques, l’intérêt et la complexité de l’œuvre analysée. A l’origine « papier », le dossier d’inventaire a été numérisé à partir des années 1990. Il est aujourd’hui « électronique » c’est à dire directement renseigné par le chercheur avec un moyen informatique et diffusé au public sur internet. Il est créé via l’application GERTRUDE (acronyme de Groupe d’Étude, de Recherche Technique, de Réalisation et d’Utilisation du Dossier Électronique) dédiée à l’inventaire du patrimoine culturel et imaginée par les Régions françaises. Son utilisation par le service patrimoine et inventaire de la Région Centre-Val de Loire a débuté en 2013.

Les dossiers d’inventaire, élaborés avec GERTRUDE, sont de plusieurs sortes, selon le type d’informations qu’ils contiennent et les liens qu’ils partagent.

Le dossier d’opération donne les informations nécessaires à la compréhension de la documentation : présentation de l’opération, cahier des clauses scientifiques et techniques incluant les objectifs thématiques, géographiques et chronologiques, les moyens mis en œuvre, les conditions de sa réalisation, etc.

Ce dossier est lié au dossier de présentation de l’aire d’étude c’est à dire l’aire géographique couvrant les 51 communes du Parc naturel régional de la Brenne. Il contient des informations relatives à la géographie, aux paysages et à l’histoire du territoire investi ainsi qu’un aperçu sommaire de son patrimoine bâti.

Par commodité dans le déroulement chronologique de l’enquête, cette aire d’étude est divisée en autant d’aires d’étude que de communes du Parc. Le groupement par canton a été un temps privilégié afin de s’approcher au plus près du découpage administratif en vigueur (en 2015, les cantons de l’Indre sont redéfinis, rendant caduque cette approche territoriale).

Les dossiers de présentation communaux sont liés aux dossiers individuels d’œuvre architecturale c’est à dire les dossiers documentaires constitués pour chacun des milliers d’édifices ou édicules inventoriés (exemples).

Certains d’entre eux peuvent être regroupés par lieux géographiques (bourg et écarts/hameaux) si la morphologie et l’histoire du bâti le justifient.

Enfin, chaque dossier de présentation de commune est lié à un (exceptionnellement deux) dossier collectif permettant de caractériser une famille d’édifices dont l’analyse est privilégiée. Au sein de l’architecture rurale du Parc, il s’agit des maisons et des fermes. Le dossier collectif contient donc les données statistiques et typologiques, à l’échelle de la commune, de ces formes de bâti. Il est relié aux dossiers individuels d’œuvres qualifiées de « repérées » (maisons et fermes non remaniées) en opposition aux œuvres « recensées » (tout édifice hors de cette famille).

 

Ressources :

- Plateforme ouverte du Patrimoine : https://pop.culture.gouv.fr/
- Centre-Val de Loire : https://patrimoine.centre-valdeloire.fr/gertrude-diffusion/

Référence bibliographique : Principes, méthode et conduite de l’inventaire général du patrimoine culturel. Dir. Hélène Verdier ; réd. Xavier de Massary et Georges Coste ; collab. Bruno Malinverno, Jean Davoigneau, Anne-Claire Viron-Rochet. 2^e éd. Paris : Ministère de la culture et de la communication, 2007 (Documents et Méthodes, n°9).

[1] En réalité, 6555 dossiers ont à ce jour (mai 2025) déjà été constitués par le Parc en comptant ceux de Saint-Gaultier (inventorié entre juin 2023 et décembre 2024) qui ne seront mis en ligne qu’à l’automne 2025.

 

 

Contact Parc : Renaud Benarrous, chargé de mission "Inventaire de l'architecture rural", Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.